Lundi 9 juillet, plusieurs milliers de gardes communaux, engagés dans la lutte contre le terrorisme depuis 1994, ont marché sur Alger pour exiger la satisfaction de leurs revendications plus d’une année après avoir défilé dans la capitale. Dans un communiqué diffusé mardi 10, le ministre de l’Intérieur qui a du interrompre ses vacances, annonce que le problème est réglé. Comme il l’avait déjà annoncé en avril 2011.
Lahlou Aliouat un des délégués du mouvement de protestation, a rencontré le ministre pendant deux heures. Dans cet entretien accordé à DNA, il raconte cette entrevue, affirme que rien n’a été réglé, que sept gardes communaux sont encore portés disparus et indique que la contestation se poursuivra. Il révèle enfin qu’un haut cadre de l’Intérieur a dit aux délégués des gardes : « Personne ne vous a obligé à prendre les armes. »
DNA : Le ministère de l’Intérieur dans un communiqué annonce que vos revendications ont été satisfaites. Est-ce vrai ?
Lahlou Aliouat : Je rappelle que l’alignement des gardes communaux comme agents d’administration avec un rappel à effet rétroactif allant de la période de 2008 jusqu’à 2011 n’est pas ce que nous avons recherché. Le véritable problème est celui lié à notre statut. Si nous étions satisfaits pourquoi aurions-nous marché 50 km de Blida à Alger ? Rien n’a été satisfait des revendications principales que nous avons portées à bras le corps. Nous considérons donc l’attitude du ministère de l’Intérieur comme une fuite en avant.
Aviez-vous rencontré le ministre de l’Intérieur après la marche ou des responsables de l’Intérieur pour négocier ?
Nous avions discuté avec le ministre de l’Intérieur pendant deux heures. Deux heures durant lesquelles il a essayé à tout prix de fuir le problème. Confus, ne sachant pas quel discours tenir, il évoquera tantôt l’opinion internationale, tantôt la satisfaction de nos revendications en nous disant « On vous a tout réglé non ? ». Nous pouvons dire que cette rencontre a été simplement une rencontre de communication.
• Lire : Marche réprimée à Alger : Un garde communal succombe à des «hémorragies par accident»
D’ailleurs, nous voulons exposer nos problèmes au président de la République qui est également ministre de la Défense. A ce titre, je vous informe qu’il avait rappelé le ministre qui était en vacances pour qu’on puisse lui transmettre nos doléances.
Donc votre recours maintenant c’est le chef de l’Etat…
Lui seul peut régler la situation. Les fonctionnaires que nous avions rencontrés n’arrivent pas à admettre qu’il y a un changement, une rupture avec les vieilles idées, avec les mentalités, les mutations qui se sont produites dans la société algérienne. D’ailleurs, un haut cadre au ministère de l’Intérieur nous dira ; ‘Personne ne vous a obligé à prendre les armes ! »
On parle d’arrestations, voire même de disparus
Il y a eu en tout 400 arrestations. Ils ont tous été libérés après avoir été mis dans des cellules. A ce titre, il est utile de vous informer et d’informer l’opinion publique que des poursuites judicaires on été engagées à leur encontre. Ils passeront devant le tribunal de Bir Mourad Reis le 24 octobre prochain.
Pour quels motifs ?
Entre autres chefs d’accusations, ils citent « l’attroupement ». Nous enregistrons jusqu’à maintenant au moins sept disparus. Nous avons mis en place une cellule de crise qui est en contact permanent avec les comités au niveau des différentes wilayas, des familles pour établir un état des lieux.
Allez-vous continuer la protesta ?
Nous sommes dans une situation de mobilisation. Notre mouvement grossi de plus en plus et des gardes communaux ont abandonné leurs postes avancés après ce qui s’est passé à Birkhadem (marche réprimée le 9 juillet, NDLR) pou nous rejoindre.
C’est le cas pour ceux de Bourebache et Bouaroussa à Lakhdaria, de Mehouel de Ouled Bouqarn etc. De toute façon, ce soir (vendredi 13 juillet), après notre retour de l’enterrement de notre martyr Lasfer Said, à Ain Defla, nous organiserons un conclave à Blida pour décider des actions à entreprendre.
Slimane Khalfa DNA

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