Samedi 23 novembre 2013
La LADDH est indépendante des institutions de l’Etat et des partis politiques
«Il faut savoir ce que l’on veut, quand on le sait, il faut avoir le
courage de le dire, quand on le dit, il faut avoir le courage de le
faire.»
Clémenceau
Mustapha Bouchachi a commis un crime contre les
droits de l’homme en tentant de saborder la LADDH historique, qui a des
règles de jeu qui sont le gage de sa liberté et de sa qualité de
contre-pouvoir sur le plan des libertés, de toutes les libertés, avec
lesquelles on ne peut tricher sans se mettre hors jeu. Il est en
porte-à-faux, en contradiction totale avec elle qui défend les libertés
et la justice, qui sont le fondement de la vie sociale. Le comité
directeur, qui est l’exécutif de la LADDH, n’est plus élu par le
conseil national, comme le stipulent les statuts de la Ligue du deuxième
congrès qui s’est tenu à Boumerdès les 22 et 23 septembre 2005, mais
désigné par le président de la Ligue.
Cette pratique est héritée du FFS,
où le président du parti désigne les dirigeants. Mustapha Bouchachi élu
président de la LADDH par le troisième congrès, qui s’est tenu les 25
et 26 mars 2010 à la Maison des syndicats, a désigné Khellil
Abdelmoumen comme secrétaire général, et Aïssa Rahmoune gestionnaire
des finances. Ces trois militants du FFS ont fait de la LADDH une
section de ce parti. Elle est sommée de renoncer à ce qui est sa raison
d’être, son autonomie et son originalité, pour devenir un relais direct
et exclusif de ce parti. Mustapha Bouchachi a bradé la LADDH au profit
de ce parti.
Le pouvoir personnel, qui est détestable et envahissant,
exige obéissance, soumission et subordination. Il est incompatible avec
la doctrine des droits de l’homme. Bouchachi, qui s’est laissé convertir
à ce culte du zaïmisme, a suivi le comportement réaffirmé par le FFS à
l’endroit du pouvoir, à savoir plus d’opposition systématique et
stérile, intégration et dépendance. C’est la normalisation de la LADDH.
Les inquisiteurs délégués par ce parti, qui ne sont pas militants de
la Ligue, mais occupent actuellement son siège, se livrent à la violence
verbale qui traduit l’absence d’une ligne politique élaborée et
constructive, mais souligne la haute idée qu’ils ont d’eux-mêmes, ainsi
que l’importance qu’ils s’accordent volontiers.
L’insolence est le signe
de l’insignifiance. Le respect de la personne humaine suppose une
éthique, une morale, une culture. Il faudra sortir de cette mise sous
tutelle de la LADDH par un parti politique, dont elle est un relais. Aux
militants dont le corps est la ligue, et le cœur au parti, il faut
leur dire franchement : «Emportez votre corps là où est votre cœur.»
Noureddine Benissad est élu président de la LADDH en avril 2012 par le
conseil national réuni en session extraordinaire. C’est une
responsabilité demandée et acceptée qui consiste à servir les droits de
l’homme qui doivent être le sel de sa vie et le sens de son existence,
avec humilité, loyauté et abnégation, un sens profond de l’humain, un
dévouement total dépourvu d’ambition. Il doit affronter avec la
tranquille certitude du devoir les risques qu’il doit assumer
pleinement, avec un courage qui ne doit pas faiblir, sans chercher la
protection des gens du pouvoir qui ont l’argent, l’influence et les
honneurs, et s’enrichissent en se salissant les mains.
Détenteur du pouvoir, il s’est entouré, à l’exemple de Bouchachi dont
il répète les mêmes erreurs et les mêmes fautes, de ses proches, de son
pré carré. Imposer à la LADDH un pouvoir personnel et une fiction
juridique qui devient en se prolongeant une faute politique, qui fait
perdre le sens des droits de l’homme. Il exerce sans partage le pouvoir
personnel qui est l’arbitraire institué en norme, il est le maître de
toutes les décisions, régente tout, l’argent, les voyages à l’étranger
très fréquents, gère ses intérêts et ceux d’un quarteron de fidèles. Il
mène une politique dépourvue de réflexion novatrice, qui n’est ni
hardie ni réaliste, mais marque le déclin de la ligue. Il garde le
secret sur ce qu’il fait, n’informe que ses proches et l’opacité est sa
règle de conduite. Les deux principes fondamentaux de la LADDH, à
savoir les réunions régulières de ses deux organes, le conseil national,
le comité directeur, et l’application intégrale de leurs décisions,
sont confisqués. Chacun de ces organes doit limiter ses prérogatives à
celles prévues par les statuts, remplir strictement son rôle et s’y
maintenir. Le conseil national s’est réuni une seule fois en 18 mois, le
5 avril 2013, avec seulement 22 membres sur 60, alors que les statuts
de la ligue prévoient sa réunion tous les 6 mois.
Le comité directeur, dont la dernière réunion remonte à février 2013,
s’est réuni 5 fois en 18 mois, alors que les statuts prévoient sa
réunion tous les 2 mois. Le président de la LADDH désigne les membres du
comité directeur, les réunit quand il veut, ce qui n’est pas accepté
par la base militante, et menace ceux qui ne lui obéissent pas de les
destituer et de les remplacer. Il est resté sourd à l’appel de quatre de
ses membres, qui lui ont demandé de les réunir d’urgence, car il ne
privilégie ni la concertation ni le dialogue. Le conseil national,
seule autorité de la ligue entre deux congrès, est sapé de son autorité,
dépouillé de ses prérogatives, n’est ni considéré, ni consulté, ni
informé. L’argent de la LADDH est dépensé avec prodigalité dans
l’opacité la plus complète, en dehors de tout contrôle.
Mettre de l’ordre, de la transparence, de la clarté, dans la gestion
financière de la ligue qu’on s’acharne à troubler encore plus, est une
nécessité. La présomption d’innocence est un droit de l’homme. Les
indignés de la corruption se sont levés, non seulement pour la dénoncer,
mais pour y mettre fin. Dès sa prise de fonction, Nourredine Benissad a
relevé Khellil Abdelmoumen de son poste de secrétaire général de la
ligue, et Aïssa Rahmoune de sa fonction de trésorier. Il les a éliminés
tous les deux du comité directeur. Pourquoi ? Ancien cadre du FFS, il a
été éliminé avec tous les grands responsables qui ont fait l’honneur de
ce parti par l’appareil du FFS. Il n’a pas payé Khellil comme salarié
de la ligue. Comme je n’ai pas mis pied au siège de la ligue depuis la
présidence de Benissad, à qui j’ai reproché comme à Bouchachi le pouvoir
personnel, j’ai remis à Khellil dix millions de centimes, pensant qu’il
était dans le besoin. La réalité est tout autre. Khellil Abdelmoumen,
secrétaire général de la ligue, était payé par Bouchachi 65 000 DA par
mois, alors qu’en 2010, un médecin des hôpitaux avait un salaire
inférieur à 50 000 DA. Directeur des projets, il percevait 15% des
sommes d’argent allouées par les donateurs pour chaque projet. Comment
un militant des droits de l’homme peut-il accepter tant d’argent ?
Pourquoi Benissad s’est-il empressé de payer l’arriéré des salaires à
Khellil ? Parce que ce dernier commençait à divulguer certains secrets
de ligue, particulièrement financiers, auprès des militants. Ils se
tiennent mutuellement par des secrets. Aïssa Rahmoune a tenté de
«perturber l’assemblée générale de la section d’Alger, en faisant sortir
de la salle l’huissier de justice».
A l’approche du «conseil national/
congrès», Benissad, isolé, fait appel à une clientèle, plus qu’à un
noyau de militants. Il faut désigner un commissaire aux comptes pour
établir la vérité sur la gestion financière de la LADDH.
L’opposition à Benissad
C’est contre le pouvoir personnel sclérosé, pour la défense des
principes des droits de l’homme et la volonté d’assurer le
fonctionnement régulier et démocratique des organes de la ligue que
s’est dressée l’opposition, considérée comme adversaire. L’honneur qui
se met au service de la conscience relève de la dignité humaine. Des
membres du comité directeur, qui ne veulent pas jouer les muets du
sérail, demandent sans effet de style et de manches, de mettre fin à la
gestion calamiteuse de la ligue, où tout se dégrade, se délite. Il est
normal qu’au sein de la ligue se produise une évolution qui nécessite sa
réorganisation.
Ces militants ont des convictions, des motivations
exprimées avec force, courage et habileté, par des propos bien pesés et
un sentiment très vif de dignité. La pensée logique avec une expression
claire devient parole qui devient action, menée avec calme, précision
et fermeté, poursuivie avec détermination et vigilance, a pour objet le
redressement. Des rouages de la ligue dans ce qu’ils ont de défectueux,
ce qui est un devoir, une obligation, un impératif. Benissad ne
pardonne pas à ses adversaires de traduire en actes la doctrine des
droits de l’homme. Il n’entend pas leurs revendications défendues avec
la plus grande énergie, parce qu’ils ne transigent pas sur les principes
des droits de l’homme, mais fait payer à la ligue sa surdité. S’il ne
se remet pas en cause, il y a un risque d’explosion. Il est sur une
pente fatale, se met en posture de déclencher à son encontre une motion
de retrait de confiance par des militantes et des militants pourchassés,
persécutés, qui veulent être traités en adultes, et associés aux
décisions. Il est temps que la LADDH, présidée par Benissad, qui n’est
plus le pôle d’attraction des militants qui veulent se battre pour les
droits de l’homme, épouse son temps, le XXIe siècle.
Le congrès de conformité est en contradiction avec le congrès de la LADDH
La réunion du conseil national/congrès est une erreur, une faute, une
dérive, il faut l’annuler. L’intrusion du ministre de l’Intérieur dans
le mouvement associatif, pour l’instrumentaliser et le mettre sous
tutelle, afin qu’il serve de courroie de transmission à la politique du
pouvoir, est un abus de pouvoir. Benissad, président de la LADDH, doit
prendre l’initiative de réunir les dirigeants du mouvement associatif
pour étudier la loi scélérate qui musèle la vie associative et étouffe
dans l’œuf toute expression libre, afin de la déférer devant la justice
et le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. S’agissant du congrès de
conformité de la LADDH créée en 1985 et agréée en 1989, il suffit de
réunir 25 militants, 2 pour chacune des 12 wilayas devant un huissier de
justice, et d’envoyer le dossier au ministre de l’Intérieur. Dans son
interview au journal Liberté en date du 5 septembre 2013, Benissad
déclare : «Mon mandat se termine à la réunion du conseil
national/congrès qui se tiendra avant la fin de ce mois de septembre.»
Son mandat se terminera en mars 2014 devant le 4e congrès de la LADDH.
Le 3e congrès qui s’est tenu les 25 et 26 mars 2010 doit être renouvelé
au bout de 4 ans. Si Benissad démissionne maintenant, c’est le conseil
national de la LADDH qui est seul habilité à élire un nouveau président.
Pourquoi cette confusion entre le congrès de conformité et le vrai
congrès de la LADDH. Benissad a recruté de nouveaux militants, pour
s’assurer le contrôle de la ligue et se faire élire. Le conseil
national/congrès convoqué dans un climat malsain, dans une confusion que
certains pêcheurs en eau trouble ont intérêt à susciter et à
entretenir, est un coup de force.
C’est un acte arbitraire qui offense
le droit, confond l’art de diriger avec celui de tricher, de manipuler,
avec une dose excessive de cynisme et de machiaviélisme. Convoquer
avant fin septembre le conseil national/congrès, c’est revenir à ce
défaut institutionnel qui fait qu’il est convoqué lorsque le résultat
est déjà proclamé. Noureddine Benissad accuse les membres d’une
organisation syndicale de mener campagne pour délégitimer la ligue. Le
syndicalisme est une force de construction, mais d’abord une force de
contestation. Les syndicalistes sont les bienvenus à la ligue, parce
qu’ils exigent une politique audacieuse de réformes sociales, qui
s’attaque au nœud gordien de la colonisation, à savoir l’exploitation
par la minorité étrangère des principales ressources du pays, afin que
l’Algérie indépendante ne substitue pas à la minorité étrangère une
minorité nationale. L’essentiel est de prendre la tête du combat pour la
démocratie qui est une primauté absolue, car il n’ y a pas de voie
facile menant à la démocratie dans un pays de non-droit, assurant aux
travailleurs le rôle responsable qui leur revient de droit à tous les
étages de la vie publique, pour achever la décolonisation, afin de
construire, avec la jeunesse, la société dont elle aura la charge. Où
est l’Etat de droit, où une justice autonome et impartiale est un de ses
piliers ? Où est le droit protecteur des libertés individuelles,
c’est-à-dire de la liberté de chacun de nous ? Où sont les droits de
l’homme fondés sur l’humain, la liberté qui est la valeur la plus forte
avec la justice ? Où sont les juges qui n’obéissent qu’à la loi ? Qui
n’agit pas contre la dictature en devient complice.
- La LADDH est dans l’impasse, il faut l’en sortir. Elle est entrée
dans la crise la plus dure de son existence, qu’il est urgent d’enrayer,
pour préparer sa cohésion et son unité. Il faut faire en profondeur un
état des lieux de la situation de la ligue ; donner de la crise qu’il
faut analyser avec rigueur les éléments qui permettent de l’apprécier
dans son contexte, ses causes et ses effets. La LADDH s’est laissé
dicter son activité par l’environnement politique et idéologique,
contraire aux droits de l’homme. Elle est devenue un acteur mineur de la
scène internationale et nationale. Elle est une voix solitaire
résonnant dans l’indifférence de l’opinion publique. La discorde et la
division stérilisent son énergie et son dynamisme. Les divergences qui
se sont amplifiées jusqu’à la rupture doivent être aplanies. Chaque
problème nécessite une réflexion, une écoute pour le comprendre et le
résoudre. Le pouvoir personnel est incompatible avec la doctrine des
droits de l’homme. La direction collégiale doit être rétablie. C’est une
avancée politique qui met un frein à la politique du fait accompli, va
dans le sens de la démocratie qui est le double règne de la souveraineté
du peuple, et de la souveraineté du droit. La recherche d’une solution
à la crise passe par un débat qui permet de mieux éclairer, de mieux
cerner les sujets sensibles importants et de trouver la bonne réponse
parmi les diverses qui sont possibles. Engager des discussions, des
dialogues pour unifier les rangs des militants, qui sont le sel de la
terre, des êtres pétris d’idéal et de réel, qui veulent reprendre en
main le destin de la ligue, est une urgence. Que tous les militants,
particulièrement les anciens qui ont tout donné d’eux-mêmes en une fois
et pour toujours pour les droits de l’homme, fassent leur examen de
conscience et participent à l’apel de l’unité des rangs des militants de
la LADDH. Les pauvres querelles de personnes retomberont bientôt, comme
toutes les poussières de tous les combats.
Ali Yahia Abdennour
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