Mercredi 29 janvier 2014
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| Certains feront tout pour que les
affaires n'éclaboussent pas, comme le qualifie Chakib Khelil, le "clan
présidentiel" (Oran, 2008)
AFP
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Près d'un millier de
magistrats pourraient être mobilisés pour la supervision de l'élection
présidentielle prévue le 17 avril prochain. Une aubaine qui permettra
aux autorités de mettre en veilleuse les grandes affaires de corruption
qui pourraient servir ou desservir les uns et les autres.
L'opinion publique devra attendre
l'après-17 avril pour connaître la suite des grandes affaires en attente
devant la justice en raison de la mobilisation de près d'un millier de
magistrats pour la supervision de l'élection présidentielle. Dans
quelques jours, cette armée de juges sera détachée de ses fonctions pour
ne s'occuper que de l'organisation du scrutin, et ce, jusqu'à la
proclamation des résultats. Leurs tâches dans les tribunaux, cours et
autres juridictions, passeront en seconde position, pour ne pas dire en
mode veille. Ainsi, tous les grands dossiers de corruption en
instruction, et les affaires en attente de procès, comme celles de
Khalifa, de l'autoroute Est-Ouest, de l'assassinat de Ali Tounsi, patron
de la Sûreté nationale, de Sonatrach 1, pour ne parler que de
celles-là, seront renvoyés à l'après-présidentielle.
Parrains tapis dans les rouages de l'Etat
Ce qui pourrait servir les intérêts de
ceux qui ont intérêt à ce que les dossiers de corruption ne viennent pas
parasiter la campagne électorale, notamment des partisans du quatrième
mandat et leurs parrains tapis dans les rouages de l'Etat. Ces derniers
sont prêts à tout pour que les vrais bénéficiaires des pots-de-vin,
versés en contrepartie de contrats dans le domaine de l'énergie, ne
soient ni dévoilés ni inquiétés. N'a-t-on pas attendu jusqu'au retour
des commissions rogatoires de Suisse pour que le juge du pôle pénal
spécialisé d'Alger décide de lancer des mandats d'arrêt contre Réda
Hemche, ancien chef de cabinet du PDG de Sonatrach et homme de confiance
de l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil, alors qu'il avait été
largement cité dans le dos-sier de Sonatrach 1 par les nombreux prévenus
?
Mandats d'arrêts internationaux
D'ailleurs, à ce jour, Hemche, de
nationalité turque mais résident Suisse, n'a toujours pas été arrêté. Ce
qui suppose qu'il a quitté le territoire helvétique avec son épouse,
une ressortissante turque dont le nom aurait été cité à plusieurs
reprises en raison de ses supposés liens avec des sociétés turques ayant
bénéficié de contrats auprès de Sonatrach. Des interrogations pèsent
également sur le sort des autres personnalités concernées par les
mandats d'arrêt internationaux – à l'image entre autres de Omar Habour,
un homme d'affaires très puissant, influent dans l'Oranie, proche et
associé de Chakib Khelil, qui vit entre la Suisse et les Etats-Unis, ou
encore Farid Bédjaoui, qui avait servi d'intermédiaire dans des
rétrocessions de commissions en contrepartie de contrats – qui n'ont
toujours pas été exécutés par les pays qui les hébergent et leur
accordent l'immunité en raison du cafouillage dans lequel a été géré ce
dossier.
Vice de forme
En effet, lorsqu'un juge de la
compétence de celui de la 9e Chambre du pole pénal spécialisé d'Alger,
qui instruit le dossier, laisse passer un vice de forme dan la procédure
contre un ancien ministre (Chakib Khelil) au point d'annuler plusieurs
actes de poursuite, cela suscite la suspicion. Pour des sources au fait
du dossier, la décision n'était pas celle du juge qui, nous dit-on,
aurait subi de lourdes pressions. D'abord pour lancer le mandat d'arrêt,
puisqu'il a fallu attendre longtemps pour lui envoyer des convocations,
perquisitionner dans ses domiciles et enfin lancer un mandat d'arrêt
contre lui, et de surcroît l'annoncer publiquement, par la voie du
procureur général près la cour d'Alger, rappelé de son congé par le
ministre de la Justice de l'époque, Mohamed Charfi, pour une conférence
de presse improvisée à la hâte.
Prudence inexpliquée
La prudence inexpliquée de Mohamed
Charfi dans la prise de décision contre les personnalités citées dans le
scandale Sonatrach s'est transformée, au fil du temps, en une
précipitation qui lui a coûté son poste, nous explique-t-on. Qui a
intérêt à ce que Chakib Khelil ne réponde pas des graves accusations
portées contre lui, si ce ne sont ceux qui sont aussi responsables que
lui ? En clair, ceux-là mêmes qui ont poussé le juge à revenir sur
certains actes de la procédure et ceux-là mêmes qui feront tout pour que
ces affaires ne remontent pas à la surface pour ne pas éclabousser,
comme l'a bien qualifié Chakib Khelil, le « clan présidentiel ».
Salima Tlemçani
El Watan 2014
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