Il veut rendre le vote obligatoire Farouk
Ksentini propose des sanctions contre les abstentionnistes
Farouk Ksentini propose de rendre obligatoire le vote et d’infliger
des sanctions aux abstentionnistes pour lutter contre l’abstention lors
des joutes électorales. « Il ne s’agit pas de couper la tête des gens
mais bien de trouver des sanctions appropriées à ce comportement
négatif », a déclaré ce samedi 7 avril le président de la Commission
nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de
l’Homme (CNCPPDH) sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. M
e Ksentini
juge l’abstention « inadmissible » dans un pays ou plus d’un million de
martyrs ont donné leur vie « pour arracher ce droit de vote ». Pour
lui, « il est difficile, voire impossible, d’exiger des comptes de
l’État ou d’élus "mal élus" lorsque le minimum qui nous a été demandé,
celui de voter, n’est pas accompli ».
Comme le pouvoir, la Commission de Ksentini craint donc
l’abstention lors des législatives du 10 mai et fait campagne pour le
vote massif, sans toutefois donner de consignes. « Lorsque je défends le
principe de vote obligatoire, je ne donne aucune consigne de vote pour
un ou des partis précis. Je dis simplement que l’abstention ne profite à
personne », a‑t‑il dit, suggérant aux « mécontents » de déposer un
bulletin nul. En analysant les motifs pouvant favoriser le boycott,
Ksentini ménage le pouvoir et critique les partis politiques. Ce qui
inquiète le plus Ksentini ce n’est pas la fraude physique, exercée sur
les bulletins de vote, « puisqu’elle est contrôlable ». « Les programmes
des partis algériens sont des suites de mots et de promesses
irréalisables », déplore‑t‑il. Voilà un domaine sur lequel il faut
durement travailler,selon lui, pour intéresser les électeurs.
Ksentini estime que toutes les garanties possibles et imaginables
permettant la transparence des élections législatives ont étés données
par les autorités : « Je ne sais pas ce qu’on peut faire de plus »,
a‑t‑il dit. Le président de la CNCPPDH regrette la décision prise par le
Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) de boycotter les
élections législatives. « Le RCD est un parti crédible, capable
d’apporter un plus aux citoyens et à ces élections qui se tiennent dans
une période particulière ».
Me Ksentini estime que la religion doit être tenue à
l’écart de la politique. « Lorsqu’il s’agit de politique, nous sommes
dans le domaine terrestre auquel il faut apporter des réponses
terrestres et pratiques ». Cet avocat écarte « complètement » le risque
de réédition du scenario de 1991, avec une victoire écrasante des
islamistes de l’ex‑FIS aux législatives et l’annulation du processus
électoral.
Sur le conflit qui oppose le ministère de l’Intérieur à la
Commission nationale de surveillance des élections législatives (CNSEL),
Me Ksentini s’est contenté d’appeler les deux parties au dialogue.
Ksentini critique le secteur de la santé
Par ailleurs, Ksentini est revenu sur l’insuffisance de l’accès aux
soins, un chapitre très longuement développé dans le dernier rapport de
la CNCPPDH. Très critique, il estime ne pas comprendre la détérioration
du secteur de la santé : un secteur « qui se portait mieux durant les
années soixante‑dix ».
« Nous n’inventons rien. Ce qui a été constaté sur le terrain a été
rapporté par la Commission », précise‑t‑il. Avant de poursuivre :
« Nous ne ciblons personne et nous n’avons absolument aucun compte à
régler avec qui que ce soit. Bien au contraire, nous avons des gens qui
travaillent et nous comprenons absolument que les gens qui travaillent
soient susceptibles de se tromper », conclut‑il.
Achira Mammeri TSA
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