Violations
Plusieurs dirigeants syndicaux harcelés : Le
27 septembre, dans le secteur de l’éducation, Malika Fallil, présidente
du Comité national des travailleurs du pré-emploi et du filet social,
affilié au SNAPAP, a vu son contrat de travail être résilié sans
qu’aucun motif ne soit invoqué. La militante avait précédemment été
victime de menaces policières afin qu’elle mette fin à son activité
syndicale. Une semaine plus tôt, le 20 septembre, elle avait été
brièvement arrêtée pour avoir participé à un sit-in devant le ministère
du Travail.
Plusieurs autres militants et dirigeants de syndicats autonomes ont
été également harcelés, à commencer par le président du SNAPAP, Rachid
Malaoui, persécuté depuis de nombreuses années, menacé de mort et dont
la voiture a été sabotée en juillet. Le 24 février, Mourad Tchiko, un
autre dirigeant du SNAPAP, agent de la protection civile, suspendu par
son employeur depuis 2004 et privé de passeport depuis 2010, a été
interpellé en compagnie d’un photographe de ce syndicat alors qu’il
venait soutenir des grévistes de la faim de la section syndicale de
l’École nationale supérieure des travaux publics (ENSTP).
Citons encore les interpellations en début d’année au plus fort du
mouvement de contestation sociale de deux figures du syndicalisme
algérien : Ahmed Badaoui, un ancien dirigeant de l’UGTA, et Yacine Zaïd,
blogueur, militant des droits de l’homme, membre du SNAPAP et farouche
défenseur des libertés syndicales dans le secteur des hydrocarbures où
il a travaillé avant d’être licencié et poursuivi en justice.
Le secteur de la santé en ébullition : Lors d’une
grève
entamée le 8 février à l’appel du Syndicat algérien des paramédicaux
(SAP), six de ses membres ont été suspendus. Le 24 février, les
grévistes ont repris le travail, le ministère de la Santé s’étant engagé
à satisfaire les revendications du SAP dont la réintégration des six
militants.
Les médecins résidents (c’est-à-dire en cours de spécialisation) ont mené une
grève
de quatre mois de mars à juillet, émaillée d’actions de protestation
parfois durement réprimées par la police. Les manifestations du 4 mai et
du 1
er juin à Alger auraient ainsi
fait une vingtaine de blessés parmi les grévistes. Qualifiée d’illégale
par le ministère de la Santé qui avait sanctionné les protestataires en
gelant leurs salaires, la
grève
a été suspendue le 17 juillet. Les revendications portaient sur la
revalorisation salariale, l’amélioration du statut de médecin résident
et surtout l’abrogation du service civil qui oblige tout jeune
spécialiste à exercer entre deux et quatre ans dans les zones reculées
du pays.
Fin octobre, le Syndicat national des praticiens de santé publique
(SNPSP) et le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé
publique (SNPSSP) ont observé une nouvelle journée de
grève pour dénoncer des engagements non tenus et la rupture du
dialogue social.
La Maison des syndicats et ses usagers pris comme cibles : Dans
la nuit du 19 au 20 mars, plusieurs heures durant, des jeunes ont jeté
des pierres sur la Maison des syndicats à Dar El Beïda (Alger), où
s’étaient rassemblés des enseignants contractuels et des chômeurs pour y
préparer des actions de protestation prévues le lendemain. Bien que la
Maison des syndicats, siège national du Syndicat national autonome du
personnel de l’administration publique (SNAPAP), soit voisine d’une
caserne de police et d’un barrage fixe de la Sûreté nationale, la police
n’est pas intervenue pour remettre de l’ordre. Selon de nombreux
témoins, elle aurait au contraire prêté main forte aux agresseurs.
Quelques semaines plus tard, dans la nuit du 8 au 9 mai, la Maison des
syndicats a été cambriolée et les deux ordinateurs qui s’y trouvaient
ont été dérobés. Les locaux feraient l’objet d’une surveillance quasi
permanente par la police.
Le 25 septembre, Akroune Belgacem, officier des Renseignements généraux,
s’est présenté au domicile du propriétaire des locaux. Il a fait
pression sur lui pour qu’il mette fin au bail et expulse le syndicat. Il
a tenu des propos menaçants évoquant la possibilité que Rachid Malaoui,
le président du SNAPAP, soit assassiné et que les locaux soient placés
sous scellés pour une longue période, cherchant même à soudoyer le
propriétaire en lui proposant un nouveau locataire ainsi que de
collaborer avec la police. En 2010 déjà, les autorités avaient fermé la
Maison des syndicats sous des prétextes fallacieux.
Cinq syndicalistes licenciés chez Linde Gaz : Début
juillet, la direction de Linde Gaz Algérie a licencié cinq militants
syndicaux de l’UGTA qui avaient dénoncé les dysfonctionnements de cette
entreprise.
145 grévistes licenciés à Air Algérie : Lors du
conflit social
qui a paralysé Air Algérie entre le 10 et le 14 juillet, la direction a
licencié 145 employés réquisitionnés et qui avaient refusé de
travailler, parmi lesquels Yacine Hamamouche, le secrétaire général du
Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC). La
médiation
du Premier ministre et de l’Union générale des travailleurs algériens
(UGTA) a débloqué la situation. Les sanctions ont été levées et les
négociations ont repris. Les quelque 900 hôtesses de l’air et stewards
contestaient l’alignement de leurs salaires sur ceux du personnel au
sol.
Intimidations et licenciements dans un Sheraton : Le
Sheraton Club des Pins à Alger s’est farouchement opposé à la formation
d’un syndicat. En juin, une pétition signée par près de 300
travailleurs et portant notamment sur la création d’une
organisation
affiliée à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) n’a
trouvé aucun écho auprès de l’employeur. Le 13 septembre, soit deux
jours avant la date fixée pour l’assemblée générale constituante, trois
délégués ont été licenciés. Le 15, les deux autres membres du comité
syndical ont été à leur tour renvoyés. Une action en justice était en
outre lancée contre les cinq militants. Exaspéré par l’attitude de la
direction, la presque totalité du personnel a alors entamé des actions
de protestation et un mouvement de
grève.
Au lieu de négocier une solution à ce conflit, la direction a commencé
une véritable purge au sein du personnel. Tandis que des travailleurs
acceptaient de signer une déclaration par laquelle ils s’abstenaient de
faire
grève,
beaucoup d’autres apprenaient lors de convocations qu’ils allaient
faire l’objet de sanctions financières ou qu’ils étaient licenciés.
Depuis lors, malgré l’obstination de centaines de travailleurs
abusivement licenciés et les nombreux messages envoyés par l’Union
internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de
l’hôtellerie-restauration, du catering, du tabac et des branches
connexes (UITA) et ses affiliées, la direction a continué à refuser le
dialogue avec les travailleurs et leurs représentants.
Quatre syndicalistes licenciés chez Huawei : Le
29 novembre, la direction de l’entreprise de télécommunications
chinoise Huawei a licencié quatre délégués syndicaux de l’UGTA en
représailles à une
grève entamée une semaine plus tôt.
Soutien syndical pour des catégories sociales fragilisées : Un
sit-in d’enseignants a perduré durant tout le mois de décembre devant
le ministère de l’Éducation. Dans la nuit du 14, les services de
sécurité leur ont enlevé leurs matelas et couvertures, les ont injuriés
et menacés d’emprisonnement. Ces actes d’intimidation se sont reproduits
à plusieurs reprises. Plusieurs enseignants ont dû être évacués pour
des soins d’urgence après deux semaines passées dans le froid. Le
Syndicat national autonome du personnel de l’administration publique
(SNAPAP) a pris fait et cause pour eux, dénonçant le silence et
l’indifférence des autorités comme de la société civile et des citoyens.
Début 2011, des actions similaires avaient entraîné l’intégration d’une
partie des enseignants contractuels. Il en resterait près de 3.000 à
régulariser, même si le ministère de l’Éducation a déclaré que le
dossier des enseignants était clos définitivement.
Outre les enseignants contractuels, le SNAPAP a soutenu les
revendications de retraités qui ont créé leur syndicat, de même que le
combat de migrants en provenance d’Afrique subsaharienne, comme la
situation désespérée de cinq femmes interceptées dans le sud du pays
alors qu’elles cherchaient à rejoindre leurs maris clandestins ou non,
mais la plupart du temps spoliés de leurs droits les plus élémentaires.
Un rassemblement réprimé dans le secteur de l’éducation, une vingtaine de syndicalistes interpellés : Le
20 décembre, une vingtaine de syndicalistes qui tentaient de se
rassembler devant le ministère du Travail à Alger ont été brièvement
arrêtés par les forces de l’ordre. Les syndicalistes du Conseil des
lycées d’Alger (CLA), du Syndicat national des corps communs des
ouvriers professionnels de l’éducation nationale (SNCCOPEN) et du
Syndicat national des travailleurs de la formation professionnelle
(SNTFP) réclament depuis des années leur agrément.
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