En août 2004, le jour de l’inauguration de la mise en service du
gisement pétrolier et gazier de Camisea, au Pérou, il y avait, outre le
président péruvien Alejandro Toledo, le ministre algérien de l’Energie
et des Mines, Chakib Khelil, le PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane ainsi
que une brochette de cadres de la compagnie pétrolière algérienne. Neuf
ans plus tard, ce gisement fait parle de lui autrement.
M. Khelil viré du gouvernement en 2010, M. Meziane poursuivi pour
une affaire de corruption présumée quelque mois plutôt, Sonatrach aura
donc à régler un contentieux financier avec le gouvernement péruvien
portant sur un montant de 50 millions de dollars.
Pas toute seule tout de même.
C’est
que les autorités péruviennes, via Peruptero, l’agence nationale des
Hydrocarbures, menace aujourd’hui de résilier le contrat d’exploitation
du bloc 56 de ce gisement gazier confié en 2002 à un consortium composé
de Sontrach (20 % en amont et en aval), de Pluspetrol Peru Corp, de
l’américain Hunt Oil, du sud coréen SK Group, de l’espagnol Repsol, et
de l’argentin Technit.
Le gouvernement péruvien estime que ce
consortium lui doit quelque 50 millions de dollars de royalties sur des
exportations acheminées par bateau au cours de l’année dernière.
Certes
le consortium a bien payé des taxes sur ces exportations vers le Golfe
du Mexique, selon Aurelio Ochoa, président de Perupetro, mais le gaz a
été plus tard réexpédié vers d’autres destinations, notamment en Europe
et en Asie. Ce qui aurait permis aux compagnies qui détiennent des parts
dans ce gisement d’engranger de nouveaux revenus.

Pour le
gouvernement péruvien, l’acheminement de ces 10 bateaux vers de tierces parties
ressemblerait à des détournements déguisés. Déclenchée en juillet dernier,
l’affaire pourrait être réglée à travers un arbitrage international comme le
souhaite le consortium.
« Nous nous en tenons strictement au contrat», expliquait Ochoa le 25 juillet
dernier à Lima. « J'espère que nous pourrions résoudre l’affaire en septembre
pour éviter de résilier le contrat, dès lors que leur seule issue est
d'arbitrage ou de le paiement. »
Le gisement de Camisea a été présenté à l’époque où Chakib Khelil régnait sur
le secteur de l’Energie comme l’un des plus importants investissements de
Sonatrach à l’étranger.
Le choix du
Pérou pour y mettre les billes de Sonatrach était dû notamment au fait que
l’ex- ministre de l’Energie était un familier de ce pays. Dans les années 1980,
Chakib Khelil, conseiller pétrolier à la Banque mondiale, était chef de
département du secteur énergétique concernant l'Amérique latine.
Il était
particulièrement apprécié au Pérou qu’il reçut une haute distinction sur
recommandation de l’ancien président Alan Garcia: la « Médaille de l'Ordre du
Soleil du Pérou » en 2009.
Dans le
rapport annuel 2010 présenté en octobre 201, la compagnie nationale indiquait
que sa production dans les gisements de Camisea a réalisé de « bons résultats
en 2010 » qui lui ont permis de rembourser 40 millions de dollars au
titre du prêt de l'actionnaire et de verser à Sonatrach un dividende de 18 millions
de dollars.
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