jeudi 18 avril 2013
En bref
Dégressivité accrue des allocations
de chômage, instauration d’une fin de droit au chômage pour les
personnes admises sur base des études, détérioration des périodes
assimilées pour la pension, la liste des régressions sociales
s’allongent alors même que l’emploi se raréfie (Caterpillar,
ArcelorMittal, Duferco, Ford Genk, Saint Gobain …).
Des militants des comités de travailleurs sans emploi FGTB de toute la Wallonie ont été rejoints par les
travailleurs victimes de licenciements boursiers qui défrayent chaque
jour l’actualité, dont une délégation animée de Caterpillar. Ensemble,
ils ont montré leur détermination à combattre les mesures injustes qui
n’offrent aucunes solutions aux travailleurs privés d’emploi sinon un
appauvrissement aggravé et, pour une partie d’entre eux, la contrainte
d’aller frapper à la porte du CPAS.
En savoir plus ?
Témoignages…
Fatima, chômeuse de Verviers : « Je
suis jeune, je veux du travail, avoir une vie, fonder une famille,
enfin, avoir un avenir ! Ce que le gouvernement fait, c’est tuer tous
mes rêves et m’exclure du chômage, tout ça parce que je n’ai pas la
chance d’avoir un travail. C’est me punir deux fois, mais où sont les
emplois pour nous les jeunes ? Et avec toutes les usines qui ferment
partout, l’exclusion n’est pas la solution».
Le délégué de Caterpillar à la tribune ne lui donnera pas tord « Caterpillar
a bénéficié de 17 millions d’intérêts notionnels et à nous, les
travailleurs, laissés sur le carreau, tout ce que le gouvernement offre
c’est la dégressivité et l’exclusion pour les jeunes ! Il faut protéger
les travailleurs contre les licenciements boursiers ».
Le délégué de Saint Gobain, d’une voix étranglée parle lui des « 265 familles assassinées » par les licenciements. « Et le gouvernement qui, soi-disant, nous soutient, nous répond par la chasse aux chômeurs ?!».
Francis Leroy, porte-parole des comités de chômeurs wallons FGTB se réjouit de la solidarité entre actif et non-actif.
200.000 travailleurs sans emploi vivent déjà sous le seuil de pauvreté
Beaucoup
l’ignore mais les chômeurs ou les bénéficiaires du revenu d’intégration
sociale des CPAS vivent sous le seuil de pauvreté qui est fixé à 1.000
euros pour une personne seule, et à 2.100 euros pour deux adultes avec
deux enfants.
La FGTB dénonce la dégressivité des
allocations de chômage entamée en novembre 2012 parce qu’elle appauvrit
des personnes déjà sous le seuil de pauvreté. La FGTB estime à 350.000
le nombre de travailleurs sans emploi victimes de la mesure
gouvernementale contestée, d’autant plus d’ailleurs que la Belgique
s’est engagée vis à vis de l’Union européenne à réduire la pauvreté de …
380.000 personnes !
Dégressivité pour ceux admis au chômage sur base du travail
Le
nouveau système d’indemnisation prévoit qu’après une période pouvant
varier de 14 à 48 mois (selon le passé professionnel), tout sans emploi
se verra indemnisé sur base d’un forfait, bien inférieur au seuil de
pauvreté.
Forfait selon la situation familiale
Chef de ménage : 1.113€
Isolé : 934€
Cohabitant : 494€
Derrière
ces chiffres se cachent des dizaines de milliers de situations
individuelles catastrophiques. Certains sans emploi verront leur
allocation baisser de plus de 200€ euros par mois, soit près de 20% de
leur revenu. Autant de personnes seules, de familles monoparentales, de
ménages à bas revenus qui se verront précipités dans la pauvreté.
Une drôle de façon de "protéger les plus pauvres"...
Fin de droit pour ceux admis au chômage sur base des études
Au 1er janvier 2015, ce sont environ 30.000 allocataires d’insertion qui risquent l’exclusion pure et simple.
Le
gouvernement a profondément modifié le système des allocations
d’insertion : allongement du stage d’insertion, renforcement des
obligations et contrôles, limitation dans le temps…
Le
compte à rebours prendra fin le 1er janvier 2015. Ce jour-là, environ
30.000 demandeurs d’emploi se verront tout simplement exclus du chômage.
Ces exclusions massives auront bien entendu des conséquences
catastrophiques pour les personnes concernées et leur famille.
Etre admis sur base des études ne signifie pas qu’on ne travaille pas
Il
faut tordre le cou à l’idée reçue qui consiste à dire que l’allocation
d’insertion, la plus basse, indemnise des personnes qui « ne le méritent
pas » parce qu’elles n’ont jamais travaillé. C’est faux. Beaucoup de
femmes à temps partiel sont admises au chômage par ce biais mais, comme
elles ne gagnent jamais assez ou ne travaillent jamais à temps plein,
elles ne peuvent pas « monter » dans le régime de l’allocation de
chômage sur base du travail.
Contrôle ONEM et précarité de l’emploi
La
baisse du niveau d’allocation pour rejoindre le montant versé par le
CPAS n’a pas pour vocation d’aider un chômeur à trouver un emploi, il
s’agit plutôt de faire pression pour que les salaires baissent. En
effet, la spirale à la baisse des salaires est ainsi enclenchée alors
même qu’on le voit, en Grèce ou en Espagne, ces pays ne connaissent pas
de relance par l’emploi, alors que leurs travailleurs et les chômeurs
sont parmi les plus pauvres, les entreprises ne s’y précipitent pas, au
contraire, les jeunes travailleurs optent pour l’exode car l’austérité
n’a rien produit d’autre qu’un cataclysme social.
Ici, les
chômeurs appauvris, contrôlés et sanctionnés, n’auront guère d’autre
choix que d’accepter le premier emploi précaire qu’on leur impose. Mais
la logique défendue derrière la réforme du chômage ne tient pas la route
car la réalité démontre sa fiction : comment en effet un sans emploi
ultra-appauvri trouvera-t-il l’énergie de chercher un emploi, raréfié,
quand il est criblé de problèmes sociaux liés à la pauvreté dans
laquelle il est?
Caroline, 45 ans, chômeuse depuis 3 ans, confie son désarroi : «Précaire
depuis 20 ans, je sais que chercher un emploi coûte de l’argent, et
chercher en vain un emploi pèse moralement. Surtout quand on a l’épée de
Damoclès du contrôle dispo au dessus de la tête en permanence. Je ne me
sens pas aidée, c’est le moins qu’on puisse dire ! Je n’ai déjà plus
les moyens de rien, survivre en chômage est très dur, le regard
accusateur des autres, l’isolement social. En réduisant mon
allocation mensuelle de 1060 euros à 934 euros (NDLR : forfait isolé)
dans un an, il ne me restera plus que 8 euros par jour, une fois les
factures de loyer, gaz, eau, électricité, internet, téléphone payées. Je
ne vois pas comment m’en sortir et encore moins payer le train pour
aller à un entretien d’embauche».
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