Lundi 17 juin 2013
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Les premières informations d’OffshoreLeaks divulguées sur
internet.
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Ce premier jet d’informations peut ouvrir la voie à
d’autres révélations, d’autant qu’il est aujourd’hui ardu d’isoler des
patronymes parmi la centaine de milliers de noms et d’adresses publiés à ce
jour par l’ICIJ.
Paradis
fiscaux, banques, cabinets spécialisés en conseil fiscal et réseaux d’affaires
en tous genres ont fini par tisser, au fil des ans, une toile d’araignée aux
ramifications improbables permettant aux détenteurs de patrimoines, aux hommes
d’affaires tout comme aux hauts fonctionnaires d’effectuer des transactions
financières et de blanchir leur argent en échappant à la vigilance du fisc. Les
Algériens sont loin de rester en marge de l’évolution de ces réseaux.
Le Consortium international des journalistes d’investigations (ICIJ), qui a
ouvert vendredi soir l’accès à ses OffshoreLeaks (base de données concernant
les paradis fiscaux, les réseaux de fraude fiscale et de blanchiment d’argent à
travers le monde issus d’une fuite à Singapour), vient d’en donner la preuve.
Dans ce
labyrinthe de données, d’adresses et de noms à consonance majoritairement
asiatique, on constate, en suivant le fil d’Ariane, qu’il y a au moins une
société écran dirigée par des Algériens, lesquels se sont constitués un
véritable canevas d’intermédiaires et de sociétés-écrans qu’il serait difficile
d’identifier et de suivre.
Bien
qu’insuffisante pour satisfaire la curiosité de nombreux Algériens qui se
demandaient jusque-là si de hauts responsables algériens seraient cités par les
OffshoreLeaks, la base de données de l’ICIJ permet néanmoins de dresser un
schéma des différentes connexions reliant, comme chacun d’entre nous s’en
doutait déjà, l’Algérie à la Chine en passant par Dubaï. En entrant ainsi
«Algeria» comme mot-clé sur le moteur de recherche de l’ICIJ, on aboutit à
trois adresses : l’une à Alger, deux autres dans la wilaya d’El Oued.
Des adresses
liant des hommes d’affaires algériens à une seule et même compagnie, la
Alpha-Bright Entreprise Limited. Entreprise détenue et dirigée par des hommes
issus de deux familles originaires d’El Oued et vivant à Dubaï. Une petite
recherche sur le web permet d’établir que l’entreprise en question est
fournisseur d’équipements médicaux, de machines d’impression et matériaux de
moulage «destinés au marché africain».
Celle-ci
dispose d’une adresse en Chine. Plus exactement à Shenzhen dans la localité de
Guangdong, devenue la Mecque des importateurs algériens rompus aux foires
biannuelles de Canton. La Alpha-Bright Entreprise Limited a ainsi bénéficié des
services d’un intermédiaire basé dans un paradis fiscal chinois, Hong Kong,
pour mettre en place sa société-écran. Le capital de la Alpha est, lui, détenu
en partie par une société-écran basée dans les Samoa, autre paradis fiscal
situé en Polynésie, dans l’océan Indien. Il s’agit de Portcullis TrustNet
Limited. Aussi bien l’adresse que les structures de cette dernière entreprise
renvoient systématiquement à une simple boîte postale dans les Samoa.
En suivant
la piste encore plus loin, on constate que Portcullis TrustNet Limited
bénéficie de représentations à Taiwan, Taipei, Singapour, Pékin, Nairobi et
Londres. La propriété du capital de celle-ci est masquée par une autre
société-écran, elle-même masquée par une société-écran.
Bref, il est
difficile de démêler les fils de la toile. Un premier jet d’informations qui
peut ouvrir la voie à d’autres révélations, d’autant qu’il est aujourd’hui ardu
d’isoler des patronymes parmi la centaine de milliers de noms et d’adresses
publiés à ce jour par l’ICIJ. Celui-ci promet aussi d’autres révélations. Le
consortium de journalistes précise d’ailleurs que ce qui a été publié ne
constitue qu’une petite partie d’un cache comportant 2,5 millions de fichiers
offshore. Il met ainsi en évidence les liens entre compagnies offshore et
certaines personnes dans 10 juridictions offshore, y compris les Îles vierges
britanniques, les îles Cook et Singapour, sur une trentaine d’années jusqu’en
2010.
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