Lundi 22 juillet 2013
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La baisse des commissions décidées par la
Banque d'Algérie sera-t-il accaparée par les importateurs?
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La niche de financement du commerce extérieur dans laquelle se sont
engouffrées les banques algériennes après l’instauration du Credoc en
prend un coup avec un règlement bancaire qui fixe des taux d’intérêt
plafond à ne pas dépasser. Le cout des importations devrait baisser. Les
consommateurs vont-ils en profiter ? C’est la question.
Des mesures destinées à encadrer le financement
du commerce extérieur étaient attendues depuis plusieurs mois. Elles
sont devenues effectives avec le dernier règlement de la banque
d’Algérie fixant les « règles générales en matière de conditions de
banque applicables aux opérations de banque ». C’est clairement un
cadrage des marges des banques privées qui ont profité de l’imposition
du Credoc obligatoire – sans effet sur la croissance vertigineuse des
importations – pour se spécialiser dans le financement du commerce
extérieur. Le financement du commerce extérieur est devenu très rentable
pour les banques privées qui assureraient, selon certaines estimations
le financement de plus de la moitié du commerce extérieur alors que
leurs actifs bancaires ne dépassent pas les 10%. La remise en cause du
Credoc n’étant pas envisageable pour des raisons «politiques », ce sont
donc les rémunérations prélevées par les banques qui sont cadrées. A la
baisse. Elles étaient très élevées, certains avançant la somme de 500
euros pour un crédit documentaire de 50.000 euros. Les commissions de
change prélevées étaient jugées également excessives. Elles se situent
entre 1 et 2% alors que la commission de la Banque d’Algérie est
pratiquement insignifiante à 0,1%. Le gouverneur de la Banque d’Algérie,
Mohamed Laksaci s’en était ému et avait en guise d’avertissement
rappelé que les agréments ont été délivrés aux banques « pour faire de
l’intermédiation bancaire, c'est-à-dire principalement pour collecter
l’épargne et financer l’investissement ». La réponse était déjà prête
dans les dossiers de la Banque d’Algérie puisque le nouveau règlement
est daté du 8 avril 2013 alors que sa parution dans le JO n’a été faite
qu’au début du mois de juin.
Un taux d’intérêt excessif fixé
Ce règlement encadre les rémunérations, des
tarifs et des commissions appliquées aux opérations de banque
réalisées par les banques et établissements financiers. Outre
une obligation d’informer les clients et le public des conditions de
banque pratiquées par les opérations, le règlement prévoit que les «
taux d'intérêt effectifs globaux sur les crédits distribués par
les banques et établissements financiers ne doivent, en aucun cas,
dépasser le taux d'intérêt excessif fixé par la Banque d'Algérie. Le
règlement plafonne les tarifs des commissions prélevées par les
banques, au titre des opérations de commerce extérieur à l'import et de
transferts de revenus. Des montants plafonds ou maximum sont fixées
pour le crédit documentaire, la remise documentaire ou tout autre
transfert. (Voir encadré). La Banque d’Algérie corrige ainsi un des
effets collatéraux le plus couteux de l’imposition du Credoc qui a créé,
selon la formule d’un banquier privé, un « effet d’aubaine ». Les
banques privées ne sont en général pas très communicatives sur cet
aspect. Mais Algeria Gulf Bank (AGB) souligne dans son rapport annuel
2011 « une hausse des commissions très marquée due, dans une forte
proportion, au développement de l’activité commerce extérieur qui a vu
la valeur des transferts vers l’étranger augmenter de 27% pour atteindre
2,4 milliards de dollars en 2011 ». Les banques privées se sont
spécialisées dans le créneau et leur efficacité a été un facteur
d’attractivité qui leur a permis de prendre un tiers de part de marché.
A qui profitera la baisse ?
La mesure va nécessairement avoir un impact
sur les banques privées qui se sont excessivement spécialisées dans le
financement du commerce extérieur. « Elles vont devoir s’adapter et
montrer qu’elles ont suffisamment de flexibilité et de capacités
managériales » pour développer d’autres activités. Des spécialistes
estiment excessif cependant de parler de « risque de faillite ». Mais la
grande question est de savoir si le cadrage à la baisse des commissions
prélèves par les banques aura un impact sur les prix des produits finis
et semi-infinis importés en Algérie. Théoriquement, les importateurs
devraient répercuter cette baisse. L’ancien président de l’Abef,
Abderahmane Benkhalfa en doute et craint un risque d’accaparement de
cette baisse par les importateurs et les autres acteurs du circuit de
distribution. Il souhaite que les services de contrôle du commerce se
mobilisent pour que cette baisse des couts des importations profite aux
consommateurs et aux producteurs. « Si les prix ne baissent pas,
l’opération décidée par les autorités bancaires n’aura pas atteint ses
effets souhaités » a-t-il déclaré..
Encadré
Art.
11. — Les tarifs des commissions prélevées par les banques, au titre
des opérations de commerce extérieur à l'import et de transferts de
revenus, sont plafonnés comme suit :
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TYPE DE COMMISSION
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MONTANTS PLAFONDS OU TAUX MAXIMUMS (*)
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Crédit documentaire
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Remise documentaire ou autre transfert
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1. domiciliation
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3.000 DA
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3.000 DA
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2. ouverture
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3 000 DA + frais Swift (2.500 DA)
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3. engagement
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3-1. avec constitution de provision
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0.25% par trimestre indivisible avec un minimum de 2.500 DA
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3-2. sans constitution de provision
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0.65% par trimestre indivisible avec un minimum de 2.500 DA
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4. commission de change et de règlement
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0.25% avec minimum de 2 500 DA +
frais Swift (2.500 DA)
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0.25% avec minimum de 2 500 DA +
frais Swift (2.500 DA)
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5. commission de modification
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3.000 DA
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6. commission d'acceptation
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3.000 DA
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