Mardi 02 juillet 2013
02.07.13
TRIAL vient de gagner une septième affaire contre
l’Algérie devant le Comité des droits de l’homme des Nations unies pour
la disparition forcée de M. Djaafar Sahbi, disparu en 1995. TRIAL salue
la décision du Comité et souhaite que la vérité sur les violations
graves des droits de l'homme qui ont eu lieu durant le conflit interne
algérien soit désormais établie et crée une brèche dans le voile
d'impunité qui protège encore les auteurs de ces crimes odieux.

L'arrestation et la disparition de Djaafar Sahbi
a eu lieu dans le contexte général des disparitions forcées de milliers
de citoyens algériens aux mains de l'armée ou des services de sécurité
de l'Etat lors de la guerre civile d'Algérie entre 1992 et 2002. Employé
à l’hôpital Mustapha Bacha à Alger, marié et père de deux enfants, M. Sahbi est
arrêté par des policiers en juillet 1995. Les membres de sa famille ne
l’ont jamais plus revu depuis. Quelques jours après son arrestation,
des policiers s’introduisent de force à son domicile pour y saisir une
série de documents parmi lesquels son livret de famille. Depuis lors,
les proches de M. Sahbi se sont adressés à toutes les autorités
compétentes pour élucider le sort du disparu mais sans succès. Malgré
les efforts constants de la famille, les autorités algériennes n’ont
fourni aucune information sur son sort et n’ont mené aucune enquête
effective sur sa disparition. Aucune poursuite n’a jamais été menée
contre les présumés responsables.
Cette affaire est la septième soumise par TRIAL qui donne lieu à une
décision. En 2011 et 2012, le Comité des droits de l'homme et le Comité
contre la torture avaient déjà condamné l'Algérie, respectivement, pour
cinq affaires de disparitions forcées et un cas de décès sous la
torture.
Douze autres cas
défendus par TRIAL sont actuellement pendants contre l'Algérie devant
le Comité des droits de l'homme et le Comité contre la torture. Au
total, TRIAL a soumis plus de 130 affaires devant différentes instances
internationales (Cour européenne des droits de l'homme, Comité des
droits de l'homme et Comité contre la torture), concernant des affaires
de disparitions forcées, d'exécutions extrajudiciaires et de torture en
Algérie, Bosnie-Herzégovine, Burundi, Libye et Népal.
Dans sa
décision, le
Comité des droits de l'homme observe que la disparition forcée de M. Djaafar Sahbi constitue une violation par l'Algérie de plusieurs dispositions du
Pacte International relatif aux droits civils et politique,
en particulier, le droit à la vie, le droit à la liberté, le droit à ne
pas être soumis à la torture et à d'autres formes de mauvais
traitements et le droit au respect de la vie privée et familiale et du
domicile. En vertu de ces violations, l'Algérie a également infligé aux
membres de la famille de la personne disparue un traitement inadmissible
en provoquant des souffrances psychologiques qu'il leur a fallu
surmonter.
Le Comité demande maintenant à l'Algérie de "mener une enquête
approfondie et rigoureuse sur la disparition de Djaafar Sahbi".
L'Algérie doit également "fournir à l’auteur et sa famille des
informations détaillées quant aux résultats de cette enquête", "libérer
immédiatement Djaafar Sahbi s'ils est toujours détenu au secret" ou
"restituer sa dépouille à sa famille" en cas de décès. Le Comité insiste
par ailleurs sur l'obligation qu'a l'Algérie de "poursuivre, juger et
punir les responsables des violations commises".
L'Algérie doit
également indemniser de manière appropriée la famille de la victime pour
les violations subies.
L'Algérie doit par ailleurs garantir l'efficacité de son système
judiciaire domestique, en particulier en ce qui concerne les victimes de
torture, d'exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées, et
prendre des mesures pour éviter que de telles violations se
reproduisent.
Pour en savoir plus:
Décision du Comité des droits de l'homme dans l'affaire Sahbi v. Algérie
TRIAL
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