Mercredi 23 octobre 2013
 |
La balance
des paiements mise à mal par la hausse des importations et la baisse des
exportations
|
Le commerce extérieur de l’Algérie garde le cap, avec une hausse des
importations et un léger tassement des exportations sur les neuf
premiers mois de 2013.
Les résultats du
commerce extérieur de l’Algérie sur les neuf premiers mois de l’année
2013 confirment que le pays terminera l’année sur une note très
contestée. Avec, au final, une balance commerciale légèrement
excédentaire, mais une balance des paiements probablement déficitaire,
pour la première fois depuis une décennie.
Sur les neuf
premiers mois, l’excédent de la balance commerciale s’est élevé à 8.16
milliards de dollars, soit moins d’un milliard de dollars par mois (903
millions de dollars par mois), contre 17.42 milliards durant la même
période de 2012 (1.9 milliards par mois). Selon les douanes algériennes,
ce tassement de l’excédent commercial (-53.12%) est le résultat d’une
baisse des exportations, passées de 53.63 milliards en 2012 à 49.49
milliards durant la période équivalente de 2013. La baisse est de 7.7%.
Durant la même période, les importations augmentaient de 14.16%, passant
de 36.2 à 41.33 milliards de dollars.
Cette
évolution du commerce extérieur algérien était attendue, et pose avec
acuité une question, demeurée en suspens : les exportations seront-elles
suffisantes pour maintenir une balance des paiements excédentaire ?
Interrogé à ce sujet, un économiste a répondu par la négative. Selon
lui, les services « dépasseront largement les douze milliards de dollars
» en 2013. Au total, cet économiste prévoit « près de 15 milliards de
dollars en devises à exporter », avec notamment les bénéfices des
compagnies pétrolières, ceux des entreprises de téléphonie mobile, des
banques étrangères et différentes compagnies installées en Algérie,
ainsi que les transferts touristiques et ceux liés à la sécurité
sociale.
Stagnation des réserves de change
Depuis
deux années, les réserves de l’Algérie en devises stagnent, à un peu
plus de 180 milliards de dollars, après une décennie de hausse
constante. C’est le signe que la balance des paiements ne dégageait plus
d’excédent significatif. Mais l’année 2012 semble constituer ce moment
fatidique, où la courbe des importations et celles des exportations de
biens et services devaient se croiser. Si ces tendances se maintiennent,
l’Algérie va être contrainte de puiser dans ses réserves pour couvrir
ses importations, qui ont littéralement explosé, sans avoir un effet
significatif sur la croissance.
Des
spécialistes estiment toutefois que cette évolution n’est pas
dangereuse en elle-même. « L’Algérie s’équipe. Elle est contrainte
d’importer des matières premières et des semi-produits pour son
industrie. Le problème n’est donc pas dans la hausse des importations,
mais dans l’incapacité du pays à exporter autre chose que des
hydrocarbures », affirme un chef d’entreprise. Selon les statistiques de
la douane, les exportations hors hydrocarbures ont atteint 3.36% durant
les neuf premiers mois de l’année. Malgré une hausse de 22%, elles
n’ont cependant rapporté que 1.66 milliards de dollars.
La hausse des prix compense la baisse des exportations
Par ailleurs, cet
inversement de tendance entre exportations et importations a été
favorisé par des éléments conjoncturels, alors que d’autres facteurs en
ont atténué l’ampleur. L’attaque terroriste de Tiguentourine, en
janvier, a provoqué l’arrêt de ce site, situé près d’In-Amenas, qui
produisait neuf milliards de mètres cube par an, soit douze pour cent de
la production et 18% des exportations algériennes. Ce handicap a été
compensé par la montée en cadence d’autres sites, selon la compagnie
Sonatrach.
A l’inverse, le relèvement des prix du pétrole a permis,
après un premier trimestre morose, de limiter la baisse des recettes
d’hydrocarbures. Le pétrole a atteint en juillet des sommets, avec un
pic qui égalait celui d’il y a deux ans, au-dessus de 110 dollars le
baril.
Aissa Bouziane
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire