Mercredi 06 mai 2015
Mercredi matin à la Cour de Blida, et comme attendu, Rafik Abdelmoumen Khalifa se présente à la barre pour répondre aux questions du juge.
Le juge pose des questions suivant un ordre chronologique. Il revient jusqu'à 1991, où Abdelmoumen aurait contracté deux crédits auprès de la BDL pour un montant global de 90 millions de DA. Une opération considérée comme étant la source du scandale Khalifa. L’accusé corrige ‘’l’erreur’’ du juge et se défend : « Non, il ne s’agit pas d’un crédit. J’ai juste bénéficié de facilités de caisse. Un crédit nécessite une demande officielle, et ce n’est pas le cas ».
Qui a fait sortir 90 millions de la BDL alors, d’autant que d’après des documents, c’est les deux sociétés de Abdelmoumen Khalifa, l’une chargée de la fabrication de médicaments et l’autre de leur distribution, qui a bénéficié de 90 millions de DA comme crédit ? Abdelmoumen est formel : « Ces documents son faux. Ce n’est pas ma signature, alors que la description de soit disant mes biens immobiliers, villa et local sur les hauteurs d’Alger, est fausse. Là, il y a anguille sous roche monsieur le juge. ».
Concernant la création d’El Khalifa Bank, l’accusé dit qu’il a voulu, tout d’abord, ciblé les pharmaciens qui avaient besoin d’alimenter leur officine régulièrement pour assurer la disponibilité des médicaments et éviter les pénuries. Pour lui, tout se faisant selon les lois en vigueur.
« On recevait parfois des réserves et petites critiques de la Banque Centrale mais ses inspecteurs ne se sont jamais doutés de notre bonne foi. Selon cette banque, on fonctionnait dans la légalité », a-t-il martelé.
Le juge veut savoir alors pourquoi les agences d’El Khalifa Bank étaient louées. Le juge voulait dire qu’une société qui vise son existence pour le long terme privilégie l’achat. L’ex golden Boy s’explique : « Si, on possédait des biens (agences) à Hussein Dey, Tizi Ouzou, Akbou, avenue Amictouche (Alger). On avait acheté des locaux appartenant aux OPGI. Sinon, pour les autres agences, il nous a été impossible d’acquérir leurs locaux vu qu’ils étaient situés sur des places commerciales (très chère ou incessible par leur propriétaire d’origine) ».
« l’Algérien est libre et travaille là où il veut »
Toujours concernant cette « étrange » relation entre la BDL et Khalifa Bank, le juge demande à Abdelmoumen pourquoi sa banque a favorisé le personnel de la BDL lors des recrutements. « Tout simplement parce que le directeur d’El Khalifa Bank étaient un ancien de la BDL.
Y a ce côté relationnel qui est normal. Pis, on avait aussi des employés du CPA. Monsieur le juge, l’Algérien est libre et travaille là où il veut », se défend-t-il. Concernant le dépôt, en masse, de l’argent des entreprises publiques, caisses…à El Khalifa Bank, Rafik Abdelmoumen explique cela par des considérations purement commerciales.
« On avait offert des taux alléchants pour ce qui est des intérêts qui pouvaient atteindre les 13%. C’est ça l’économie de marché. On faisait de notre mieux pour gagner des clients, mais dans la légalité monsieur le juge ».
Lors de son audition à la Cour de Blida, Abdelmoumen Khalifa s’est montré, plusieurs fois, inspiré de la France dans plusieurs domaines. A la question du juge concernant l’ouverture de cet accusé d’une banque alors qu’il est pharmacien de formation, il répond : « Je me suis bien formé en France, à Paris plus précisément, dans les domaines bancaires vers 1995/1996 ».
Et comment se fait-il qu’une banque se permet d’ouvrir une compagnie aérienne ?, lui réplique le juge. « C’est faisable monsieur le juge. D’ailleurs, plusieurs compagnies aériennes du monde appartiennent à des banques, comme cela est le cas en France », répond instantanément Abdelmoumen.
Le juge veut savoir, aussi, pourquoi Djamel Guelimi, issu portant du domaine notarial, a été placé à la tête de Khalifa TV en France alors que ce poste devait revenir, selon le juge, à un journaliste. « Mais cela ne veut rien dire. Le plus important pour un média est son rédacteur en chef qui doit être un journaliste. En France par exemple, Jean-Pierre El Kabbach est un politicien qui est à la tête d’une télévision publique », a-t-il répondu. Mais là, l’ex golden boy se trompe.
Jean-Pierre El Kabbach est surtout journaliste depuis une cinquantaine d’années ! « Mais pourquoi la France spécialement comme siège d’El Khalifa Tv ? », veut savoir le juge. « C’est surtout pour assainir notre image dans ce pays, ternie par les évènements des années 1990.
Aussi, je voulais m’adresser à nos nombreux émigrés qui ne croyait plus au discours de l’unique (tv algérienne publique). Je voulais montrer aux Français que la diversité médiatique pouvait être possible », a-t-il répondu.
« Je n’aime pas les Français car ils ne nous aiment pas »
Abordant le dossier des stations de dessalement d’eau de mer, et dont Khalifa est accusé de détourner l’argent destinée à acquérir ces équipement, le juge veut savoir où sont partis les 45 millions de dollars destinés à acquérir les trois stations en question. Abdelmoumen est accusé de les détourner dans une affaire d’achat d’une villa à Cannes (France).
Il nie tout détournement mais confirme que l’achat de la villa acquise à Cannes s’est fait avec l’argent de sa banque. « Cette opération était faite au profit de Khalifa Airways. Une compagnie aérienne, comme Air France, possède des châteaux. Les compagnies aériennes sont généralement fragiles et les avions utilisés ne se vendent pas facilement avec le prix qu’il faut. Pour la villa, on l’a loué pour renflouer nos caisses, et rien n’est illégal dans tout cela ».
Abdelmoumen regrette toutefois que la somptueuse villa soit vendue à 17 millions d’euros ‘’seulement’’ à un russe lors de sa liquidation, et ce sans passer par les enchères comme le stipule les lois en vigueur. L’accusé a fui l’Algérie en 2003 en direction des USA, avant de regagner, 48 heures après, l’Angleterre. En le voyant aborder souvent la France dans ses réponses, le juge lui demande spontanément pourquoi il n’avait pas choisi la France alors comme destination ? Il répond spontanément : « Je n’aime pas les Français car ils ne nous aiment pas tout simplement.
Allah Ghaleb. On les a combattus avec les armes pour défendre notre pays, comment voulez-vous alors qu’ils nous aiment », a-t-il répliqué sans aucune hésitation.
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