Dimanche 05 janvier 2014
Le sujet soulève polémique.
Alors que les débats sur le nouveau projet de loi sur les hydrocarbures
ont commencé le 8 janvier 2013 à l’assemblée populaire Algérienne, la
société civile continue de s’opposer à l’exploitation du gaz de schiste
en Algérie.
Mehdi Bsikri,
journaliste au quotidien algérien El Watan, blogueur et membre du
collectif national pour les libertés citoyennes ( CNLC), suit de près
l’actualité politique du pays, et plus particulièrement, ces dernières
semaines, le projet d’exploitation du gaz de schiste en Algérie. Il
livre dans ce billet, ces impressions, son point de vue et ses craintes
pour son pays. Comme tant d’autres, il n’hésite pas à dire :
Non au gaz de schiste
« On ne va pas le pomper aujourd’hui
mais à échéance très lointaine allant à l’horizon 2040… Le développement
se fait aussi avec le pétrole et nous devons utiliser toutes nos
capacités pour développer encore un peu plus notre économie…Le secteur
des hydrocarbures constitue un levier indispensable pour la croissance
économique de l’Algérie ». Ce sont là des déclarations du Premier
ministre Abdelmalek Sellal lors de la réunion de la Tripartite
(gouvernement, patronat et Union générale des travailleurs Algériens)
qui s’est tenue le 22 novembre 2012 à Alger.
Si ces phrases ont, semble-t-il, été
lancées pour apporter un brin d’éclaircissement, et pour calmer des
opposants à l’exploitation de gaz de schiste en Algérie, ces propos ne
sont pas enchanteurs à plus d’un titre. Le Premier ministre ne fait que
véhiculer la pensée du régime. Le système compte donc, et ce n’est pas
une surprise, continuer à se pérenniser grâce à la rente. Les Algériens,
après 50 ans de gestion catastrophique de leur pays, se verront encore
pris en otage durant un deuxième cinquantenaire.
Les Algériens pris en otages
Le projet de loi sur les hydrocarbures,
qui sera débattu à l’Assemblée populaire nationale (APN) ce mardi 8
janvier, introduit un article pour l’exploitation des énergies non
conventionnelles (pétrole et gaz de schiste). Pourquoi les autorités
ont-elle décidé de donner une force juridique à ce projet, et sachant
impertinemment qu’avec les bras de du FLN et du RND, ce projet de loi
sera adopté? L’exploitation de gaz de schiste, de toute manière, répond
à des considérations politiques, et nullement économiques, comme
veulent le faire croire les dirigeants illégitimes. En outre, il faut
préciser que cette exploitation a déjà commencé, à titre de prospection.
A lire les retombées négatives sur
l’environnement, et à prévoir sa non rentabilité économique,
l’exploitation de gaz de schiste relève également de l’aspect
géostratégique.
Selon
Ferhat Ait Ali,
analyste financier, rien n’inciterait les Américains à venir prospecter
le gaz de schiste algérien, vu qu’ils ont une production qui peut durer
175 ans. Leur seul motif serait l’appropriation des eaux de la nappe
albienne, eaux douces estimées à 8000 ans de consommation. Une véritable
mer intérieure.
Choix géostratégique
Pour contrecarrer la dilapidation des
richesses du pays, la société civile doit se mobiliser davantage. Toute
initiative est à promouvoir. L’objectif est de contrer l’exploitation de
gaz de schiste, projet qui cache tant de dessins machiavéliques.
Si la
souveraineté
nationale subit depuis une décennie des soubresauts, via le concours de
relais qui activent à l’intérieur du régime, puisque en accointance
avec des forces occultes de l’extérieur, l’exploitation de gaz de
schiste représente une menace pour la cohésion nationale et l’avenir de
la nation. La division du pays est un plan qui parait présentement
surdimensionné, mais c’est une entreprise plausible.
Pour
l’environnement,
tous les points ont été abordés : Pollution de la nappe phréatique et
albienne, dispersion de produis chimiques et cancérogènes…
Économiquement, l’Algérie perdrait des milliards de dollars en
investissant dans l’exploitation de gaz de schiste, puisque le projet
n’est pas rentable, et il sera difficile pour Sontarach de faire signer à
ses partenaires des contrats à long terme. La tendance actuelle est à
l’approvisionnement sur le marché « spot » du gaz liquéfié.
L’État brade les gisements
Sur le plan politique, le régime qui n’a
aucune logique d’Etat, brade les gisements de matières premières au
profit de multinationales. L’essentiel pour lui est de demeurer aux
commandes du pays, avec fraude aux élections et utilisation de la
répression pour se protéger contre tout sursaut évolutif.
Pour le volet géostratégie, les
Américains, pour sortir de la dépendance vis à vis de la Chine qui
offre au marché mondial 95% des « terres rares » (particules pour les
nouvelles technologies) comptent exploiter au maximum les territoires
sahariens et sahéliens. Les USA veulent coûte que coûte contrôler les
sources d’approvisionnement de ces matières hautement stratégiques et
indispensables à l’industrie des services informatiques.
J’ai peur pour mon pays!
Cet article n’est pas exhaustif. Je ne
veux aucunement me substituer aux experts et spécialistes qui peuvent
maîtriser mieux que moi leurs volets respectifs. A la lecture de ces
phrases, des recherches approfondies sont à entreprendre. Mais ce qui
est certain, je m’oppose à l’exploitation de gaz de schiste pour ne pas
voir mon pays se déchirer une nouvelles fois. Et cette fois-ci, le cas
soudanais ne serait qu’un dessin animé.
Mehdi Bsikri
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