Jeudi 02 janvier 2014
L’Algérie entame la nouvelle année avec des incertitudes aux plans
politique, économique et social. Alors que l’année 2013 a été jalonnée
par un flou total sur l’orientation politique du pays, un flottement de
ses choix économiques et une ébullition du front social, les Algériens
accueillent celle de 2014 avec les mêmes craintes. Et pour cause, le
sort de la plus importante échéance politique du pays, la présidentielle
de 2014, reste la grande inconnue. L’entretien, par le clan au pouvoir,
du suspense autour la candidature du chef de l’Etat à un 4e mandat et
sa volonté de réviser la Constitution ont mis la scène politique dans
une situation inconfortable.
Une nouvelle année commence. 2014 ! C’est une année exclusivement
politique pour les Algériens qui s’attendent à une animation intense de
la scène politique nationale durant les trois prochains mois. Ils
souhaitent, en tout cas, en finir avec la léthargie et les incertitudes
politiques qui ont caractérisé l’année qui vient de s’achever. Le
changement vers un avenir meilleur pour le pays reste, en effet, leur
plus grand vœu pour ce nouvel an. Va-t-il se réaliser ? Le pays
réussira-t-il à éviter les grands ratages de 2013 et ceux des années
précédentes ? Dans tous les cas de figure, l’Algérie n’a plus droit à
l’erreur. Les périodes de transition interminables et des vaudevilles de
mauvais goût ne devraient plus avoir le droit de cité en 2014. Mais
cela reste toujours au stade de souhait, dans une Algérie qui peine à
sortir la tête de l’eau sous la direction d’un régime, dont le seul
objectif est de maintenir le statu quo.
Un régime incarné par un Président qui, par sa volonté ou par celle de
ses proches, veut prolonger encore son magistère contre vents et marées.
Ce dernier et son entourage entretiennent, à cet effet, le flou autour
de la prochaine présidentielle. Malgré l’état de santé très fragile du
chef de l’Etat et en dépit des blocages institutionnels qui en ont
résulté, le clan au pouvoir refuse toute nouvelle dynamique politique
dans le pays. L’entretien du suspense autour de la candidature du
président de la République à une quatrième mandature est faite dans une
seule et unique visée : freiner les ardeurs des hommes politiques
ambitieux et éliminer toute candidature sérieuse à la joute politique
d’avril 2014. Cette stratégie semble avoir déjà donné ses fruits.
A
moins de trois mois des élections et à la veille de la convocation du
corps électoral, seulement quelques candidats sont connus. Et même parmi
ces derniers, certains menacent de se retirer dans le cas où l’actuelle
locataire d’El Mouradia annonce sa participation à la prochaine
échéance. Ils ne sont pas «lâches», mais ils se disent conscients qu’«on
ne peut pas gagner lorsque le jeu est fermé».
Des ressorts de la société brisés
Ce qui a favorisé cette situation ubuesque est la politique de
destruction massive de tous les ressorts de la société. Les observateurs
de la scène nationale le confirment. En 15 ans de pouvoir, le système
Bouteflika a laminé tous les contre-pouvoirs susceptibles de contribuer à
la construction d’un véritable Etat de droit. Les partis politiques de
l’opposition sont constamment malmenés, déstabilisés et empêchés de se
construire sur des bases saines. Si elles ne sont pas diabolisées, les
formations politiques de l’opposition sont émiettées par des mouvements
de redressement qui empêchent leur évolution.
De même pour les partis au pouvoir qui ont servi, des années durant,
comme soutiens inconditionnels au régime. Indépendants de leur volonté,
ces partis ont fini par perdre même le peu de crédit dont ils
jouissaient auprès des citoyens. Le mouvement associatif et la société
civile censés être aussi des intermédiaires entre le pouvoir et le
citoyen sont complètement laminés. Si elles ne se transforment pas en
comité de soutien aux tenants du pouvoir, les organisations sont tout
simplement menacées de disparition.
Des associations risquent d’ailleurs
de cesser leurs activités dans quelques jours. Le délai de deux ans qui
leur a été fixé par la nouvelle loi sur les associations pour se
conformer aux nouvelles dispositions expirera dans moins de 10 jours. Et
plusieurs organisations autonomes n’ont pas été autorisées par le
ministère de l’Intérieur à tenir leur assemblée générale. Une nouvelle
forme de pression sur les associations qui jouent aussi un rôle
important dans la formation du citoyen.
Les dégâts de cette politique s’étendent même à la presse. L’ouverture
de l’audiovisuel promise en 2011 n’aura finalement pas eu lieu. Après
plusieurs tergiversations, le pouvoir a fait son choix : l’ouverture de
ce secteur important au privé se limite uniquement à la création de
chaînes thématiques, selon un cahier des charges bien défini. Ce qui est
une manière déguisée, pour l’Exécutif, de garder le monopole sur le
secteur audiovisuel. Cette situation risque de perdurer encore en 2014…
Madjid Makedhi
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