Vendredi 13 février 2015
Attendu depuis des années, le récent découpage administratif, décidé en
pleine protestation antigaz de schiste à In Salah, a été perçu comme
«une mauvaise réponse du gouvernement à une aspiration citoyenne
légitime». A In Salah d’abord, la société civile a répondu, dans la
soirée même, au Conseil ministériel restreint annonçant la promotion de
la daïra et de plusieurs autres daïras du Sud en wilayas déléguées.
Les protestataires du Tidikelt n’ont pas affiché la satisfaction
attendue par les autorités qui pensaient, a priori, calmer la
revendication citoyenne écologique en répondant à un vœu très cher
longtemps exprimé et dûment rappelé au président de la République par
une manifestation au lendemain de sa réélection en avril 2014.
«La wilaya, la tanmiya, In Salah hia dahia», «Ni wilaya, ni
développement, In Salah est la victime» ont pourtant clamé les habitants
à Sahat Somoud. Cette position n’a pas changé d’un iota depuis sept
semaines. L’arrêt des forages de gaz de schiste — ou plutôt le
non-passage à la fracturation hydraulique du second puits de Gour
Mahmoud à Dar Lahmar, 30 km au nord d’In Salah — reste l’unique
revendication de la population qui ne croit pas à l’effet miracle d’une
wilaya à In Salah avec le maintien des forages de gaz de schiste dans la
région.
C’est ce qui fait dire à Nacer Lazhar, cadre financier à la retraite et
cofondateur du café littéraire de la ville de Ouargla : «Je crois dur
comme fer que ce découpage administratif est non seulement l’émanation
d’un gouvernement en panne d’idée, mais d’un gouvernement en plein
désarroi devant la montée subite de la contestation citoyenne contre le
gaz de schiste qu’il croyait dissipée. Ce découpage régional est une
ancienne revendication citoyenne que le pouvoir instrumente à chaque
rendez-vous électoral.
C’est un découpage fallacieux, ayant pour objectif de diviser pour
régner !» Amine Laloui, étudiant en sciences politique à l’université de
Ouargla, ajoute : «Ce n’est pas tant le découpage proprement dit qui
m’interpelle, mais son timing. Le schéma d’organisation administrative
du territoire national devrait plutôt tendre vers des entités régionales
aux facteurs socioéconomiques et culturels communs.» L’idée rejoint
celle de Halima Fetita, militante de toujours au FLN qui tient «à la
notion de terroir».
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Aberration
Cette mère de famille pense que «Touggourt, Djamaâ et Meghaier sont un
même espace socioculturel qui est l’oued Righ, une wilaya dans un
prolongement tout à fait naturel». L’idée est partagée par Nacer Lazhar
originaire de cette région : «L’oued Righ avec Touggourt pour capitale
est connu et reconnu pour avoir été le territoire historique de la
dynastie des Beni Djellab (1514- 1854), une vallée de palmeraies où les
caractères anthropologiques des populations locales ne sont ni tribaux
ni familiaux, mais plutôt professionnels. Historiquement, ses habitants
sont venus de partout et ont été les premiers à avoir mis en valeur le
désert en constituant la palmeraie d’oued Righ, d’où, d’ailleurs, leur
appellation, les «Hachachna» «cultivateurs de la palmeraie !».
Touggourt et Meghaier, deux wilayas déléguées, alors que l’une dépend
territorialement de Ouargla et l’autre d’Oued Souf, est une aberration,
selon les habitants sondés qui aspirent, bien au contraire à
«l’unification territoriale». Cette région s’étend sur 150 km, tout au
long du canal de drainage agricole dont elle porte le nom, avec en
commun des facteurs culturels, économiques et politiques.
Alors que l’administration coloniale a fait d’elle une métropole
coiffant tout le territoire du Sud jusqu’au sud de Biskra, le pouvoir
postindépendance l’a parcellisée entre deux wilayas limitrophes sans
qu’elle ne soit admise comme wilaya, négligeant la liaison routière
commune nord-sud par la RN3 allant jusqu’à Hassi Messaoud, la voie
ferrée fondée en 1914, avec un terminus à Touggourt, comptoir colonial
de la datte.
Cela, alors même que la grande usine de conditionnement de dattes est à
Djamaâ, l’unité de ramassage de sel de l’Enasel à Meghaier et les
gisements d’argile, les unités industrielles de produits rouges et de
matériaux de construction du Sud se trouvent à Touggourt et Djamaâ ainsi
que les carrières de sable de construction de Tigdidine qui alimentent
actuellement toutes les villes du Nord.
Houria Alioua
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