Mercredi 25 septembre 2013
Une lectrice, Meriem, 28 ans, a envoyé un texte, à la rédaction web de Liberté. Un cri de détresse à lire.
Meriem, 28 ans, diplômée et chômeuse« L’Algérie m’a fait perdre l’espoir de vivre dans la dignité »
22 septembre 2013
« Au nom de la liberté, n’ignorez pas mon message, je veux
témoigner, informer, péter un câble peut-être, mais cela reste mieux que
de m’immoler par le feu…je veux que ma voix retentisse, je veux
parler pour ces jeunes, qui se donnent la mort rongés par le désespoir
de pouvoir voir un jour ce pays se relever, ce pays au grand
corps malade, aux membres défectueux, qui ne cesse de sombrer, nous
tombons un à un de Charybde en Scylla, entre les barques de la
mort, l’illusion de l’eldorado à l’autre rive de la méditerranée et
le chômage, la pauvreté, la misère, l’amertume dans un pays où
nous sommes devenus étrangers.
Par où devrai-je commencer? Existe-t-il des gens heureux dans
ce pays? J’aimerai bien les connaitre, j’ai 28 ans, une
femme algérienne, célibataire, au chômage, vous voulez en savoir plus?
j’étais la première de ma classe; la première de tout le lycée; j’ai eu
mon bac à 16 ans; terminé mes études universitaires à 20 presque 21 ans,
j’ai pu dénicher un petit boulot d’enseignante vacataire à
l’Université, j’enseignais 3 heures par semaine, et à la fin de l’année,
j’ai touché mon salaire…5000 DA… j’ai ensuite intégré des sociétés
étrangères où j’ai bossé comme une esclave, 12h par jour six jours sur
sept, et c’est là que j’ai découvert qu’il y avait quelque chose qui ne
tournait pas rond, l’Algérie, notre cher pays fait appel à des étrangers
qui touchent 20 fois mon salaire pour qu’ils nous volent, mon boss
était cameraman de formation il ne valait rien dans son pays, ils l’ont
ramené pour superviser des travaux de piping (gaz et pétrole) un autre
boss était magasinier de formation, il avait l’habitude de compter les
casiers de pommes de terre et de carottes, ils venaient tous avec des diplômes (fake) , des diplômes d’ingénieurs et de
superviseurs…tout le monde était complice, ces pseudos patrons (…)
avaient tous les avantages, ceux de vous humilier, de vous imposer leurs
idées, leurs méthodes de travail, leurs incompétences…et de la
pression, beaucoup de pression au vu est su de nos pseudos autorités,
ils vivaient dans des bases de vie semblables à des hôtels 5 étoiles,
avaient tous les avantages du monde, et surtout pouvaient décider de
votre sort: « ce mois-çi je termine ton contrat »…après tout ça venez me
parler des désastres causés par l’explosion de telle usine ou telle
structure pétrolière…car ceux qui l’ont bâtie ne sont rien d’autre que
des ratés dans leur propre pays et que nous importons.
Ils n’envoient jamais des gens compétents en Algérie, car elle
est classée zone à grand risque, tout ceux qui y débarquent ne sont rien
d’autres que des vautours aventuriers, avides de faire fortune en un
temps record.
Honte à cette Algérie. J’ai 6 ans d’expérience, je parle 4 langues…et je
me retrouve au chômage, j’essaye de trouver du boulot dans ma petite
ville (qui n’est pas la capitale) …vous dites l’Anem (Agence nationale
de l’emploi, ndlr)? Personne ne vous reçoit. Je suis allée à
l’Université dans l’espoir de trouver un boulot même en tant que
vacataire…dans les bureaux de l’administration je n’ai trouvé que des
vieux…hideux, dont les racines pourries sont enfoncées bien au fond, des
vieux dépassant la soixantaine qui boivent du café, lisent des
journaux, et vous répondent avec dédain: « allez voir ailleurs ».
J’allais me contenter de 5000 dinars par an, car même les 9000 da de la
DAS (l’Action sociale de wilaya ) je n’ai pas pu en bénéficier…9000 DA
de charité, du ministère de la solidarité…je n’ai pas pu en bénéficier
aussi !
A QUI APPARTIENT CE PAYS? Ma mère ne le comprend pas…elle ne cesse de me
répéter que je suis une ratée, que je fais pitié…que j’ai raté ma vie,
et pourtant j’ai tout fait pour réussir, votre Algérie m’a fait perdre
l’espoir de vivre dans la dignité, je ne veux pas l’aumône, je veux mes
droits. Je ne veux pas que mon seul espoir soit un homme… j’aurai aimé
être née dans une époque où les femmes n’allaient pas à l’école ;
j’aurai aimé être ignorante, me marier à 16 ans avoir 10 gosses…j’aurai
aimé ne jamais avoir conscience de tout ce qui se passe, des
manipulations du pouvoir, de l’hypocrisie
…j’aurai aimé être simple d’esprit, illettrée…et être heureuse, j’aurai aimé ne pas être algérienne ».
Par : Rédaction WEB/ LIBERTÉ
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